Mon bain avec le baleineau
On a toujours rêvé de
nager avec des dauphins. Moi, j'ai réussi à nager avec des baleineaux.
Ces circonstances
exceptionnelles se sont produites lors d'une de ces conférences d'utilisateurs
de logiciel où le prétexte est moins de montrer les nouveautés que de donner
l'opportunité à des utilisateurs de s'éclater pendant quelques jours. La
volonté de la puissante invitante est pourtant bien d'amener les clients à
acheter plus de modules ou de nouveaux programmes. Pour les participants, ce
qui est important est "A qu'elle heure mange-t'on?" et les
attractions prévues dans les soirées. On voit donc des commerciaux affairés à
présenter le dernier cri de l'optimisation du planning véhicule pendant que
leur interlocuteur regarde la chute de rein de la serveuse.
Dans ce genre de
convention internationale où l'on retrouve plus d'une dizaine de nationalités,
les français brillent par leur absence. Nous sommes un pays de gens sérieux qui
ne participent à des futilités même si celles-ci peuvent nous permettre de voir
qu'il existe des solutions performantes ailleurs. Bien entendu, le barrage de
la langue n'est pas, non plus, un problème puisque chacun sait que le Français
est polyglotte.
Donc me voilà à
Hambourg pour la conférence utilisateur européenne d'un de mes clients, leader
mondial dans le domaine des solutions informatiques pour les transports
publics.
Le lieu du séminaire
est un grand hôtel à la périphérie de la ville, possédant un golf, une piscine,
un espace détente, un spa et des saunas.
Déjà la veille, une
bonne partie de l'équipe technique est à pied d'oeuvre pour mettre en place pas
moins d'une trentaine d'ordinateurs, des serveurs et des liaisons internet car
beaucoup de démonstration se font sur des sites parfois aux USA.
Les festivaliers (car
pour certains c'est un festival) arrivent ensuite; la plupart le lendemain
matin. Chacun reçoit dans un badge tenu par un collier de couleur. Les codes
couleur sont : blanc = langue allemand, vert = anglaise, rouge =
scandinave, noir = staff (j’ai un collier noir).
Si on veut faire une
analyse statistique de la physiologie des participants, on peut rapidement dresser
un constat. Les colliers blancs ont une tendance à l'embonpoint (cela s'appelle
de l'understatement). Les colliers rouges sont plutôt élancés mais pas tous
blonds. Les colliers verts sont plutôt mélangés. Dans le staff, c’est selon les
nationalités.
Le déroulement des
journées est très simple. Petit déjeuner qui peut être pantagruélique car on
peut faire un repas complet. J'ai remarqué que les Danoises mangent du fromage
au petit déjeuner. Je n'ai pas testé et ne cherche pas à le faire mais le goût
du baiser fromage-café doit être particulier. Cela peut remplacer la méthode de
la douche froide.
Après le
petit-déjeuner c'est encas pré-conférence (salé ou sucré). 45 mn de conférence
(qui commence à l'heure et finit à l'heure). Encas inter-conférence. 45 mn de
conférence. Encas inter-conférence. 45 mn de conférence. Déjeuner. Café et
retour au cycle conférence/encas. Rien que de l'écrire me fait gagner quelques
grammes.
Ce régime impossible
à suivre pour un corps sain, est scrupuleusement respecté par les colliers
blancs Il en résulte la multiplication des capitons et la création de la
fameuse bouée qui, pour certains, est plus proche du pneu de camion que de la
chambre à air de vélo.
Pendant ce temps là,
je continue à cultiver mon beau body en profitant de la piscine. Celle-ci n'est
pas très grande mais on peut y faire quelques longueurs si on la prend sur la
diagonale. Pour moi, c'est 3 coups de bras. Donc, je suis en permanence en
culbute ce qui est très bon pour le souffle. L'idée n'est pas de faire une
séance complète mais de se remuer une petite demi-heure.
Le lundi, la piscine
est déserte et je fais tranquillement ma petite affaire.
Le mercredi, il y a
foule. Au moins trois baigneurs. L'un d'entre eux a un fort embonpoint sans
être obèse: c'est mon balaineau. Il ne nage pas horizontalement mais
verticalement. En fait, il agite les bras en surface et rétropédale sous l'eau.
La poussée
d'Archimède et le mouvement brownien (qui n'a rien à voir avec l'abus de
brownies) font le reste. Le problème est qu'il se comporte comme une bouée
dérivante et que sa vitesse de déplacement est inversement proportionnelle avec
sa rotondité. C'est donc un obstacle mobile autour duquel il faut manoeuvrer.
Mon passage à proximité soulève des vaguelettes à l’instar de l’effet de
passage d’un hors bord à côté d’une barque. Le baleineau a beau rétropédaler de
plus belle et d’agiter ses petits bras, il dérive invariablement vers le bord.
Arrivé à proximité de celui-ci, il ne prend pas appui sur le bord mais tourne
sur lui-même pour repartir dériver dans l’autre sens. Le cri du baleineau est
plus proche du souffle d’une machine à vapeur que du chant de la baleine. Au
bout de 10 minutes, il sort de l’eau, épuisé.
Pour se remettre,
nous nous rendons au sauna qui est mixte et … nudiste. Il faut savoir qu’un
sauna de capacité de 8 personnes ne peut en contenir que la moitié vu la taille
des occupants. En m’asseyant, je m’aperçois que les lattes du siège sont à
moitié cassées ce qui n’est pas étonnant car le poids moyen qu’elles doivent
supporter est proche des 150 kilos. Après, mes 15 minutes de sudation
réglementaire, je dis au revoir à mon baleineau. Celui-ci reprit son chemin
vers le plus proche buffet d’encas pré ou post conférence.
Dans ce billet, aucun
animal n’a subit de mauvais traitement ni n'a été blessé. Nous nous excusons
auprès des baleineaux qui auraient pu être blessés d'avoir été comparés à des
humains.
tu étais jaloux de marion Cotillard et des orques ? tu as voulu tester avec le baleineau ? Je vois très bien de quoi tu parles avec le petit déj pantagruélique et les multiples pauses café...
RépondreSupprimerMerci d'être passé. L'art d'utiliser l'actualité. Le problème des pause-café c'est quand c'est plus bouffe que café ;-)
Supprimeren même temps les viennoiseries à Hamburg c'est compréhensible ;)
SupprimerLa géographie et moi tu sais ... :)
SupprimerTu veux parler des hamburger peut-être ? Laissons les viennoiseries à Vienne.
RépondreSupprimerHuhu huhuhu!!! Décidément, j'aime ton regard incisif et ton humour :-) Belle description socio anthropologique de ton salon hamburgien ;-)) Tu sais que beaucoup rêveraient d'aller nager avec un cétacé (dit la baleine, j'ai le dos fin et je me cache à l'eau...oui, je sais, réchauffé 1000 fois ^^)
RépondreSupprimerMerci pour le commentaire. Là je me faisais plutôt l'effet de Pierre Richard dans "Le coup de parapluie" avec Otto Krampe dit La baleine.
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