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dimanche 21 avril 2013

 Le camion avance (IV)


Il y a une légère élévation derrière l'endroit de la barrière finale. C'est pourquoi la plupart des candidats à l'évasion vont dans cette direction. La mer est entrée un peu dans les terres. Là ou est ma barrière c'est un promontoire. L'espoir des fugitifs est de se réfugier dans les grottes ou de s'enfuir à la nage. Cette dernière option est suicidaire dans la mesure où les requins rodent. Par ailleurs, ils sont tellement repus que l'on peut imaginer qu'ils ne s'occupent pas d'une proie qui se déplace. Dans l'autre sens c'est une plaine balayée par les vents. Les quelques bosquets d'arbres rabougris ne sont pas une bonne cachette. En revanche l'élévation nous empêche de voir ce qu'il se passe.

Encore des détonations. Là ce n'est vraiment pas normal. Même en imaginant l'effet de surprise des premiers coups de feu, la supériorité de l'armement de la patrouille aurait dû déjà permettre de réduire au silence l'évadé. Habituellement, le corps est ramené à la barrière, réinstallé ensanglanté dans l'habitacle du véhicule et le processus continu: véhicule démarre, roule, bascule, bruits et puis au suivant.

La nervosité des gardiens augmente et tous les regards se tournent vers la direction du bruit. Dans mon champ de vision il y a ma cahute. C'est un ancien Algeco de dix mètres carré dans lequel on a découpé un guichet. Il n'a pas d'âge et est recouvert de guano. Les jointures sont rouillées et rongées par le sel. A l'intérieur il y a mon bureau avec l'ordinateur intégré. Il est composé d'un simple écran tactile encastré dans le plan incliné à 45° du bureau. Une table et une chaise supplémentaire pour accueillir une éventuelle relève. Un lit pour se reposer mais je ne l'ai jamais utilisé car le rythme des passages est trop important. Le soir je fais à pied les 1,5km jusqu'à la barrière principale où se trouve les quartiers des employés. Je suis dans le bâtiment réservé aux administratifs. Un autre est là pour le service de sécurité. Pour compléter le mobilier, il y a un frigo et un micro onde pour réchauffer le plat unique fourni chaque matin par le service de restauration. C'est insipide mais calculé pour fournir la ration énergétique nécessaire pour tenir l'après midi. Des toilettes chimiques et une douche forment une réserve au fond de l'habitacle. Il n'y a rien d'autre car il est interdit d'amener quoi que ce soit dans ce qu'on pourrait appeler une cellule de monastère. La radio est diffusée par le haut-parler dans le coin gauche; il n'y a plus que la chaine gouvernementale qui diffuse quasi exclusivement des musiques qu'en une autre époque on aurait qualifiées "d'ascenseur". Les livres, la presse et les magazines n'existent plus ou sont interdits. Un cadre avec la photo de sa famille est aussi interdit. Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de subversif d'avoir la photo de sa femme et de ses enfants au travail. 
J'en était là de mes réflexions quand une détonation énorme retentit. Cette fois, elle est juste derrière moi. J'ai juste le temps de me retourner pour voir s'effondrer les deux gardes qui tenaient en joue les prisonniers. J'ai cru qu'il n'y avait qu'une détonation mais en fait il y en avait eu deux en synchronisme parfait. Les prisonniers étaient sortis de la voiture et pointaient leur armes vers le chef de patrouille qui avait levé bien haut les bras. Le troisième prisonnier avait récupéré les armes des gardiens. Sans un mot il me tient en joue et me fait signe de lever les mains.

Je lève les mains aussitôt. Au loin retentit encore une détonation preuve que le quatrième est lui aussi toujours vivant. Pour moi se pose  la question de savoir si je vais le rester encore longtemps.

     

dimanche 7 avril 2013



Je suis énervé


Cela a commencé par quelques sourires ironiques. C'est rapidement devenu de l'agacement et aujourd'hui j'en suis à l'exaspération. Je n'en peux plus. J'aurais pu écrire ce billet en majuscules tellement je suis énervé.
La cause de mon énervement est les commentaires et jugements que je peux lire sur Twitter ou dans des blogs. Beaucoup se gaussent des auditeurs de RMC et notamment des Grandes Gueules. Et pourtant beaucoup de leurs tweets ou billets sont dignes du café du commerce tant l'analyse est pauvre et formatée. 

Le dernier avatar sont la façon dont s'exprime les hommes politiques et notamment Jean-Luc Mélenchon.

Tout d'abord, soyons clairs. Je suis un supporter de Jean-Luc Mélenchon. J'ai voté pour lui aux dernières présidentielles mais cela faisait déjà quelques années que j'en parlais. A chaque fois, on me regardais avec des yeux ronds ne comprenant pas de qui je parlais. On me prenait pour un illuminé car comment peut-on soutenir un tel individu?

La réponse est simple. J'ai acheté son bouquin "Qu'ils s'en aillent tous" en 2010 soit deux ans avant les présidentielles et … je l'ai lu. J'ai aussi lu "La grande régression" de Jacques Généreux sorti aussi en 2010. Ensuite, je lis régulièrement ses billets sur son site (http://www.jean-luc-melenchon.fr/). Pendant la campagne, j'ai suivi certains meetings et j'ai même regardé une conférence à Londres qui commençait par "I am dangerous" http://vimeo.com/55621150#at=0 . Donc mon avis sur cet homme ne vient pas d'une information dénaturée et déformée des médias au service du système mais de la source même.

Etant plutôt rationnel et cherchant à appuyer mes arguments sur des éléments objectifs, j'ai beaucoup de mal à supporter les jugements à l'emporte-pièce basés sur la forme et jamais sur le fond.

Par ailleurs, je lis aussi des ouvrages de communistes bien connus comme Stiglitz, prix Nobel d'économie, ex-directeur de la banque mondiale et conseiller économique de Bill Clinton, professeur à Harvard. Dans son ouvrage "Le triomphe de la cupidité" on retrouve beaucoup d'idées développées par JLM notamment la reprise en main par le politique des affaires de la société ou la vrai séparation des activités des banques récemment abandonnée en France ("Vous comprenez cela va créer du chômage" a dit le lobby financier). Il est même plus radical sur les banques et banquiers qui ont fauté. Il explique aussi que la base de la vulgate néo-libérale à savoir l'équilibre walrassien est faux comme le sont tous les modèles mathématiques qui soutiennent les idées des "économistes" de cours. Il les compare d'ailleurs à des prêtres d'une religion puisque la critique de ces idées amènent automatiquement à l'excommunication.
Certes, pour faire tout cela il faut prendre du temps car lire du Stiglitz ce n'est pas lire du Marc Levy. On peut le prendre sur le temps passé à l'abrutissement télévisuel. On peut par exemple s'exempter de regarder "The voice" ou un de ces "débats" sur l'économie ou les participants sont toujours les mêmes qui avancent masqués. On peut aussi dire que c'est trop compliqué et laisser d'autres penser à sa place.

Voilà ce que j'écrivais en réponse d'un billet de CatNatt dont je suis le blog et dont le lien est dans ma liste des blogs. J'aime bien ce qu'elle écrit mais je ne suis pas toujours d'accord.
Le blog: http://www.lesanneesje.heavencanwait.fr/2013/03/mediapart-cahuzac-les-mots-le-malaise/
Ma réponse :
"On peut tout à faire se laisser formater par l'information délivrée par la majorité des médias qui ne font que reprendre ce que dit le voisin sans analyse ou recul. On peut alors affirmer que Chavez était un dictateur ou que Musso est un écrivain.
Après, on peut se passer de la télévision et chercher des sources "moins officielles". On peut lire les écrits des uns et des autres pour voir quels sont leur vrais propos et idées. Il est certain que lire un bouquin de Stiglitz est un peu plus ardu que de lire un roman de Marc Levy.
Un exemple pour illustrer les propos ci-dessus : la façon dont a été traité l'arrêt de la Cour de Cassation sur la crèche. Si l'on écoute les médias on ne peut plus interdire le voile dans une entreprise privée. Si on lit l'arrêt c'est la rédaction du règlement interne et notamment le manque de motivation de l'article incriminé. Donc il suffit de réécrire le règlement intérieur pour que cela passe. Après on peut tout à fait partir dans des débats sur la laïcité."

Mon ire ne se résume pas au seul cas de JLM mais sur tous les sujets qui passent comme l'aéroport Notre Dame des Landes, l'arrêt de la Cour de Cassation sur la crèche, le mariage pour tous, ….

J'utilise souvent le vocable "pensée automatique". Ce n'est pas un hasard et c'est basé sur une étude des neurosciences sur le cerveau stressé. Il y a un excellent article sur le sujet dans "Pour la science" N°418 (août 2012) http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/p/pour_la_science_index_articles_parus.php . En résumé, le stress réduit l'activité du cortex préfrontal et le système limbique prend le relais. Les décisions sont basées  "sur des routines, une vision simpliste ou manichéenne des enjeux, un comportement de groupe et des réponses stéréotypées" (Riadh Lebib - Institut de Médecine environnementale).
Si j'en juge ce que je lis et les les réactions autour de moi, la plupart d'entre nous est stressé. Mais certains plus que d'autres.

Par ailleurs, quand on n'a pas d'argument sur le fond, on cherche à discréditer son adversaire. "Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt". http://lesions.ragemag.fr/liberation-devisse/

Evidemment, le rédacteur de cet article est en pro Mélenchon mais l'analyse est très juste.
Je laisserai seulement la parole à l'accusé qui a écrit sur son blog

"Et les « grands médias officiels », en fait la périphérie bureaucratique de Médiapart, continuent de leur servir la soupe. On connait la méthode. Ils ne s’intéressent à aucun moment politique de nos congrès. Mais ils savent fabriquer un buzz sur une affaire qu’ils créent de toute pièce. Puis ils vous reprochent de ne pas « traiter les questions de fond ». C’est ainsi que le congrès du Parti Communiste eut droit à deux jours de harcèlement sur le fait que la carte du PCF n’avait plus de faucille et de marteau. De tout le reste de ses débats on ne sut jamais rien ou presque. En commençant le congrès du Parti de Gauche, nous savions que nous serions traités de même. Nous avions pris nos dispositions. Et c’est bien ce qui se passa. Oserais-je d’une façon plus chimiquement pure, que nous l’avions imaginé. ..."
http://www.jean-luc-melenchon.fr/2013/03/27/en-route-vers-leurope-allemande/ 
Quelques jours plus tard, sur France Inter, il subissait le même traitement: 8 minutes sur la forme et 2 minutes sur le fond de l'affaire de Chypre. Au 13h00, seul l'extrait sur les journalistes prout-prout est reprise, rien sur Chypre. Du travail de pro de l'information.
 
Je finirai ce billet sur les tweets que j'ai envoyé hier soir à propos de l'avènement du fascisme. Il faut toujours réfléchir au leçon de l'Histoire.