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vendredi 16 octobre 2015







Démystifier la doxa néolibérale




« La croissance c’est la prospérité » Voilà le genre d’assertion qui est fausse depuis le début des années 2000

Si vous prenez d’un côté l’évolution du PIB et l’évolution du nombre de pauvres (chiffre INSEE bien entendu)
Il y a une corrélation entre l’augmentation du nombre de pauvre et l’augmentation du PIB
En résumé +1 Mds de PIB = + 2000 pauvres.

Là où les politiques, les prêtres économiques et leur relais peuvent manipuler les chiffres, les mathématiques ne trichent pas. C’est d’ailleurs pourquoi les « économistes » qui appuient leurs thèses idéologiques de mathématiques n’aiment pas les mathématiciens.

Ceux qui traitent les pauvres d’assistés sont dans l’erreur car une augmentation de richesse serait automatiquement captée par les pauvres et leur nombre devrait diminuer. Or c’est le contraire qui se produit. Donc la richesse supplémentaire est captée par les plus riches et, comme chacun d’entre nous ne voit pas d’augmentation, il ne peux donc s’agir que vraiment les plus riches.

Ceci est le résumé d’un article de Daniel Justens dans l’excellent Magazine « Tangente ». Certes c’est un magazine sur les mathématiques mais il permet de décoder les bêtises que le discours néolibéral déverse depuis 30 ans. Dans le même numéro on trouve un petit texte sur Bertrand Russel, un des plus grand philosophe et « logicien » du XXème siècle. On lui doit notamment les paradoxes de Russel dont le plus connu est celui du barbier : il rase tous ceux et uniquement ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Qui rase le barbier ? En gros il reprend la métaphore de l’usine d’épingle d’Adam Smith mais explique pourquoi contre toute logique le système capitalisme la mène à sa perte. Ecrit en 1935, l’histoire est toujours d’actualité.

Je profite pour remettre le lien sur la séance de 1840 sur la loi sur le travail des enfants http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1146105
L’écoute ne dure qu’une demi heure pendant laquelle vous entendrez quasiment mot pour mot les arguments des néolibéraux d’aujourd’hui. Ceux qui, à la moindre critique, vous jette à la figure que le monde à changé, que vous avez de vieilles idées, ont les mêmes propos que ceux de 1840. Quand on pense que leur prophète (Adam Smith) a écrit leur Bible (La richesse des Nations) en 1750, on peut leur renvoyer le caractère quasi moyenâgeux de leur idéologie. 


Sources :
http://www.poleditions.com/pole/publications.php?collection=Tangente
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell
Loi de 1841 http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/loi_22_mars_1841-2.pdf

samedi 19 septembre 2015







Comment répondre 



La dernière sortie de Macron sur les fonctionnaires (inadéquats, statut pas justifiable) n’est que le reflet de la tactique de l’oligarchie en place. La stratégie est de monter les gens du peuple les uns contre les autres. Pour cela, ils utilisent les concepts comme assistanat, fraude aux aides sociales, surveillance renforcée pour les chômeurs, statuts privilégiés, ….

L’idée directrice est que le vulgus pecum regarde celui qui est proche de lui avec un regard envieux et ne regarde pas ce qui se passe plus haut. Ce n’est pas nouveau et c’est la vieille méthode du « diviser pour mieux régner ». Et cela fonctionne malgré la possibilité d’avoir des informations qui contredisent les propos comme les 50% de bénéficiaires potentiels du RSA qui ne le demandent pas.

Je me suis trouvé plusieurs fois un peu démuni pour répondre à ses propos démagogiques et, à part les 80 Mds de fraude fiscale qui ne disent pas grand chose au grand public, il est difficile de faire comprendre à son interlocuteur que de regarder la gamelle du voisin n’arrangera pas sa situation.

Aujourd’hui le magazine Marianne me donne des éléments de réponses dans son numéro 960.
Dans le cadre d’un article intitulé « France, ton industrie fout le camp » un bandeau donne la liste de tous ces dirigeants talentueux qui, après avoir échoué, partent avec des indemnités coquettes.
J’ai donc décidé de la recopier et, dorénavant, à toute personne qui déclarera que les classes moyennes payent pour les autres ou que les immigrés ne viennent que pour les allocations, je lui fournirait cette liste qui, dans le magazine, est intitulée « Fossoyeurs et vrais gloutons » et écrit par Emmanuel Levy

2001 : Pierre Blayau, Moulinex, PDG du groupe d’électroménager pendant plus de 3 ans, cet énarque est à quelque mois du dépôt de bilan et empoche 2 millions €
2002 : Jean-Marie Messier, Vivendi. Après avoir été le choucou du Cac 40 et des médias, J2M chute, laisse une société au bord du gouffre, mais réclame en vain les 20,5 M€ qu’il s’était préparés pour son départ.
2002 ; Noël Forgeard, EADS. Poussé vers la sortie par sa mauvaise gestion et les affaires (délit d’initié, Clearstream, etc.) cet X-Mines atterit avec 8,5M€
2003 : Pierre Bilger, Alstom. Le PDG laisse un groupe proche de la faillite et contraint l’Etat d’intervenir. En contrepartie de son feu vert, Bruxelles impose des cessions. Bilger empoche 4,1 M€
2003 : Philipple Jaffré, Elf. A l’issue d’une bataille boursière, le groupe pétrolier tombe dans les mains de Total. Elf a perdu. Pas Jaffré: il s’en va avec 19 M€.
2003 : Jean-Pierre Tirouflet, Rhodia. (je l’ai eu comme prof d’éco à l’ISG où il nous obligeait à acheter son bouquin. A l’époque je lui avait dit que ce n’était pas de l’éco qu’il faisait. NdA). En 5 ans, l’énarque accumule les échecs stratégiques et conduit le groupe chimique au démantèlement. Tirouflet s’en sort avec une formule à 2,1 M€ plus 5,3 M€ de retraite chapeau (à 53 ans)
2003 : Jean-Pierre Rodier, Pechiney. Son grand oeuvre : avoir mené le rachat du fleuron français par le canadien Alcan. A la clé, 2,6 M€ pour services rendus à la patrie.
2003 : Frank Dangeard, Thomson multimédia. Il laise un groupe tout juste vivotant, mais se voit attribuer 2,3 M€
2005 : Serge Tchuruk, Alcatel. L’inventeur du concept d’ »industrie sans usines » conduit le groupe à un bilan sans profits et donc sans perspectives. Il mène le rapprochement avec  l’américain Lucent. Son échec lui vaut d’être remercié à hauteur de 5,7 M€
2008 : Patricia Russo, Alcatel. Le groupe fusionné avec Lucent perd 1,1 Mds€ et procède à 12 500 licenciements. En partant, la DG native du New Jersey encaisse 6 M€
2009 : Thierry Morin, Valéo. Pour son bilan (licenciement de 4000 personnes et 287M€ de pertes), il est gratifié de 3,2 M€ (il renoncera à la moitié en 2011)
2012 : Frank Esser, SFR. Mal préparé à l’arrivée de Free, l’opérateur perd des parts de marché, et licencie à tour de bras. Son PDG raccroche avec 3,9 M€
2013 : Ben Verwaayen, Alcatel. Les directeurs se succèdent et encaissent, mais la plongée aux enfers continue. Verwaayen gouverne 5 ans et part avec 4,8 M€
2013 : Philippe Varin, Peugeot. 21 M€ sous la forme d’une retraite chapeau (5 ans dans l’entreprise). En difficulté, le constructeur doit se tourner vers l’Etat et se rapprocher du chinois Donfeng.
2015 : Bruno Lafont, Lafarge, le PDG cède aux sirènes helvètes d’Holcim et part avec 5,9 M€. (en fait, la société n’était pas bien depuis plus de 3 ans NdA)
2015 : Michel Combes, Alcatel. Il a introduit Nokia dans la maison. Son départ avec 12M suscite la polémique.

Ce que l’on peut retenir de cette liste c’est que les « intelligences supérieures » ont surtout du talent pour négocier leur contrat. A ceux qui disent « si on ne les paye pas bien, ils s’en iront », je réponds « c’est dommage qu’ils ne l’aient pas fait ».
On voit aussi souvent revenir le nom d’Alcatel. Pour les salariés du centre de Nantes qui vient de fermer cela doit faire vraiment plaisir.

Si, à la lecture édifiante de cette liste, votre interlocuteur persiste dans ses propos populistes, il ne reste plus qu’à lui dire « Tu es trop con et tu mérites ce qui t’arrive ».

Lien pour télécharger le Marianne http://telecharger-ebook.org/tags/Marianne+960+%E2%80%93+11+au+17+Septembre+2015.epub/



 

jeudi 23 juillet 2015




La guerre a commencé 

(translation below)


C’est une guerre qui est déclarée aujourd’hui. Elle n’est pas visible. Il n’y a pas de soldats ou de victimes ensanglantées (quoique). Elle est globale et mondiale. Nul n’est à l’abri car elle touche notre quotidien. Sa logique ira jusqu’au bout et certains qui pensent qu’ils seront épargnés ne le seront pas.

L’ennemi est partout et s’appelle l’oligarchie néolibérale. Une fois qu’on l’a désignée, il faut essayer de savoir qui en fait partie car elle avance masquée. Elle ne correspond pas à la grille de lecture habituelle et il est parfois difficile de la débusquer.

L’oligarchie néolibérale est-elle de gauche ou de droite ? La réponse est qu’elle est ni de gauche ni de droite. Les clivages politiques traditionnels ne s’appliquent plus. Ainsi Sarkozy peut déclarer qu’il faut en finir avec le programme du Conseil National de la Résistance et c’est Hollande qui met en place cette politique en « réformant » les allocations familiales. J’avoue que sur ce point j’étais tombé dans le panneau en applaudissant cette mesure de « justice sociale » avant de lire un éditorial d’Eric Conan dans Marianne. Je pense qu’en France le positionnement de la majorité des politiques vient moins de valeurs et convictions que d’opportunisme et de place à prendre. Un Valls est entré au PS car il n’y avait pas de place au mieux au Modem, au pire à l’UMP. Un récent vote en Angleterre sur un « programme de bénéfice » a été voté par le Labour à l’exception d’une quarantaine de députés « frondeurs ».

L’oligarque néolibéral (ONL) est-il nécessairement riche et s’oppose-t’il aux pauvres? Bien que la réponse évidente semble être oui, la bonne reste non. Exemple: un footballeur qui touche 15 M€ de revenu par an n’est pas un ONL, un élu d’une commune moyenne à 5 000€/mois peut en être un. Le patron d’une grosse PME qui se ballade en Porsche Cayenne n’en fait pas partie quand un responsable d’établissement publique dilapidant l’argent en frais de taxi ou de conseil en stratégie en est une illustration frappante.

Y-a-t’il des métiers spécifiques où l’on retrouve l’ONL ? Au-delà des gouvernants politiques (et encore) et des capitaines d’industrie, il y a de nombreux individus ayant un pouvoir dominant qui influencent la marche de notre sociétés. En effet, même si le premier réflexe est de classer certains journalistes du côté des « collabos », il ne faut pas oublier le rôle  des média dans leurs capacités à « faire passer le message » néolibéral depuis une trentaine d’année suscitant des réactions pavloviennes dans la population sur certains sujets. Jusqu’à présent la méthode était plutôt « douce ». Aujourd’hui on est passé à la grosse artillerie et la propagande la plus grossière comme associer systématiquement Melenchon/Front National ou dire que des néo-nazis sont au gouvernement Tsipras. Le gros bataillon reste le haut fonctionnaire, qu’il soit dans un ministère ou dans une institution européenne. Des personnes non élues façonnent des politiques économiques  au nom d’une prétendue compétence qui est souvent mise à mal quand on se penche dessus.

Comment reconnaitre un ONL ? D’abord par le vocabulaire employé qui pour une grand part est utilisé pour disqualifier le contradicteur. J’ai bien écrit discréditer car l’ONL n’essaie pas d’argumenter (peut-on argumenter sur des oukases?) pour convaincre mais cherche à disqualifier le contradicteur mais pas ses propos. En vrac on trouve les mots et expressions : populisme, propos convenus, idées du passé, ne travaille pas assez, payer le juste prix (opposé à solidarité financière), … Il faut tout de même distinguer le vrais ONL avec le valet atteint du syndrome du larbin. Celui-là se caractérise par sa propension à plaindre ses propres oppresseurs. Il y a surtout ce manque de connaissance historique comme si l’Histoire renfermait les ferments de leur chute (et c’est le cas). C’est pourquoi, ils cherchent à tout prix de ramener le débat au présent et au court terme.

Dans mon dernier billet, j’étais en colère. Aujourd’hui je suis sidéré. Sidéré par l’amorphisme ambiant. Certes c’est un néologisme mais tous les synonymes d’amorphe n’ont pas la totalité des caractéristiques du mot. Au-delà de la définition avec le « a » privatif et « morphe » la forme, il y a plus que le « sans forme ». Il y a beaucoup de notions méconnues comme le caractère « torpide » de l’amorphe. Torpide venant de torpeur comme stupide vient de stupeur, je vois des gens qui ne réagissent pas devant le plus simple signe que la société est au main d'une minorité qui s'appuit sur la non réaction de la population. La masse a toujours été amorphe mais ce qui caractérise notre époque c’est que cette stupeur a gagné les classes qui sont sensés avoir un minimum de réflexion. Que n’entendons-pas comme « Moi, l’économie je n’y comprends rien. Je m’en remets aux économistes », « je suis crevé en rentrant du boulot, ce n’est pas pour me prendre la tête ».

Comment ne pas voir que le temps de l’Inquisition est revenu. Les prêtres néolibéraux règnent sur l’Europe et veulent nous imposer leur vision de la société à la manière des représentants de n’importe quelle religion. L’exemple de la Grèce est marquant mais il y a beaucoup de « petits » faits qui montrent que, maintenant, l’objectif n’est plus le triomphe du néolibéralisme mais de verrouiller le pouvoir et faire taire la contestation. Car c’est le propre de tout système qui devient impérial d’abuser de son pouvoir pour se maintenir. Jusqu’à présent, l’histoire a montré qu’il échoue à tous coups.


Que me font, que me sont ces hommes ? la plupart déjà marqués — troupeau aboulique, fourmis absurdes dans la fourmilière bousculée, et pour lesquels je n’ai ni ombre de pitié, ni sympathie. — (Julien Gracq, Manuscrits de guerre)  


The war has begun

It is a war that is declared today. It is not visible. There are no bloodied soldiers or victims  (though). It is global and worldly spread. No one is immune because it affects our daily lives. His logic will go through its system and those who think they will be spared will not.

The enemy is everywhere and is called the neoliberal oligarchy (NLO). Once it has been identified, we have to try to find out which forms it takes because it advance with a mask. It does not correspond to the usual reading grid of the society and it is sometimes difficult to unmasked.

Is the neoliberal oligarchy from left or right? The answer is that it is neither left nor right. The traditional political divisions no longer apply. Thus Sarkozy may declare that it must end the program of the National Council of the Resistance and this is Holland, which sets up this policy by "reforming" family allowances. I admit that on this point I had fallen into the trap by applauding this measure of "social justice" before reading an editorial by Eric Conan in Marianne. I think that in France the position of the majority of politicians comes less conviction than opportunism and place to take. Valls joined the PS because there was no room at the left side of politics. A recent poll in England on a "benefit program" was voted by Labour with the exception of forty deputies "slingers".

Is the neo-liberal oligarch (NLO) necessarily rich and opposed to the poor? Although the obvious answer seems to be "yes", the good one is still "no". Example: a footballer earning € 15 million income per year is not an NLO, a mayor of a middle-sized town with € 5000 / month can be one. The boss of a middle-sized company that ride Porsche Cayenne does not belong to when a public institution responsible for squandering money by taxi expenses or expenses in advisory fee strategy is a striking illustration. 

Are there any in specific occupations where we find the NLO? Beyond the political rulers (and moreover) and captains of industry, there are many individuals with a dominant power that influence the progress of our societies. Even if the first reflex is to classify some journalists on the side of "collaborators", one must not forget the role of the media in their ability to "pass the neoliberal message" these past thirty years. Results are the raising of Pavlovian reactions in the population on certain subjects. So far the method was rather 'soft'. Today we went to the big guns and the crudest propaganda as systematically lump together Melenchon / National Front or writing that neo-Nazis are in Tsipras government. The big battalion remains the senior officials, whether in a department or in a European institution. Unelected people shaping economic policy on behalf of knowledge that is often alleged but undermined when we look through.

How to recognize a NLO? First, through vocabulary used. This is mainly used to disqualify the opponent. I'm well writing "discredit" because the NLO is not trying to argue (can we argue about edicts or beliefs?) to convince but seeks to disqualify the opponent instead of his arguments.  Some words and phrases are their favorite: populism, ideas of the past, not working hard enough, pay the right price (as opposed to financial solidarity) ... He must still distinguish the true NLO with valet plagued by "the stooge syndrom". This one is characterized by its propensity to feel sorry for his own oppressors. One of their lacuna is the lack of historical knowledge as if history contained the seeds of their downfall (and it is). Therefore, they seek at all costs to bring the discussion back to the present and to short term range.  

In my last post, I was angry. Today I am flabbergasted. Stunned by ambient amorphousness. Certainly it is a new word but all amorphous synonyms does not have all of the characteristics of the word. Beyond the definition with the "a" without  and "morph" the form, there is more than "formlessness". There are many notions unknown as the "torpid" nature of the amorphous. Torpid comes from torpor (drowsiness) just as stupid comes from stupor. I see people who do not respond to the simplest sign that our society is in the hand of minority which take advantage of the lethargy of the population. 
The mass was always amorphous, but what characterizes our time is that this stupor gain on classes that are supposed to have a minimum of reflection. What do I hear is "For me, economy is not understandable. I leave it to the economists "," I'm exhausted back from work, I won't complicate myself on these subject and rather relax watching TV. "

How can we not see that the time of the Inquisition is back. Neoliberal priests rule over Europe and want to impose their vision of society like the representatives of any religion. The example of Greece is striking but there are many "small" facts showing that, now, the aim is not the triumph of neoliberalism but to keep the power and silence dissent. For it is characteristic of any system that becomes imperial to abuse his power in order to maintain itself. So far, history has shown that it fails every time.  


jeudi 8 janvier 2015



Je suis en rage


Je suis en rage depuis hier. Comme tout être sensé, je suis sous le choc mais une mort m'affecte plus que les autres : celle de Bernard Maris.

Si toutes les vies sont irremplaçables, il en est de difficilement remplaçable.
Bernard Maris était économiste plutôt keynésien donc pas dans la mouvance majoritaire actuelle. Alors qu'il suffit de taper dans une poubelle pour faire sortir des dizaines d'économistes néolibéraux, l'économiste keynésien est rare et surtout inaudible car quasi absent dans les médias.

Une des caractéristique d'oncle Bernard était sa faculté à rendre simple ce que les gens trouvent compliqué. Ainsi il ne cherchait pas à prendre le pouvoir sur son interlocuteur. En effet, celui qui cherche à se rendre incompréhensible ou vous explique "vous savez c'est plus compliqué que ce que vous pensez" est en fait en train d'essayer de vous flouer (faire payer plus cher). Cela existe dans tous les métiers (informaticien en premier). Les néolibéraux sont très forts pour affirmer que les idées contraires à leur religion sont simplistes et obsolètes et que l'économie doit rester le pré carré des économistes-prêtres néolibéraux.  Bernard Maris avait cette faculté de retourner tous leurs arguments en utilisant des mots et phrases simples.

Je suis donc en rage à cause de la mort de Bernard Maris car il est la victime du boomerang néolibéral. Michel Onfray était sur France Inter ce midi. Pour une fois, je suis tout à fait d'accord avec lui. Après le temps de l'émotion et de la compassion, il faudra commencer à se poser les vrais questions. Il serait trop commode de mettre les assassins dans une case comme d'habitude : Princip nationaliste serbe, Charlotte Corday bigote, Caserio anarchiste, Raoul Villain étudiant nationaliste, ….. Ne pas parler du terreau sur lequel croit ce fumier, c'est laisser la parole au seul FN. La misère intellectuelle et matérielle, effets collatéraux du néolibéralisme, sont des éléments du boomerang qui, cette fois-ci, a tué la mauvaise cible.

Pour avoir entendu les remplaçants de Bernard Maris quant il était en vacances, je pense qu'ils n'étaient pas à la hauteur à moins qu'on ne le remplace par des économistes type Jacques Généreux. Mais j'en doute.

Pour qu'il ne soit pas mort pour rien, une fois le temps du recueillement passé, ne repartez pas devant vos télés pour regarder "Master chef" ou "Danse avec les Stars" mais réfléchissez à ce qu'est cette société engendrant des monstres, lisez des livres, allez à des conférences et surtout cessez de nous répéter la vulgate néolibérale que vous avez vu au journal de 20h00 à la télé.

Salut Bernard et merci pour tout

Ajout 12/01/2015
L'écoute des hommages sur France Inter m'a mis le coeur au bord de la nausée. Au mieux, on l'a fait passer pour un sympathique hurluberlu qui venait à la Maison de la Radio en vélo. Heureusement, il y a eu une reprise de ses propos dans "CO2 mon amour" où il dénonce tous les mythes du discours économique actuel.
Maintenant il ne reste plus que des économistes sérieux qui vont pouvoir reprendre leur petite musique néolibérale sans plus de contradiction. Dans "On n'arrête pas l'éco", un jeune a dénoncé l'enseignement de la pensée unique néolibérale à l'Université et comment Aghion et Tirolle avaient usé de leur influence pour empêcher une réforme qui permettrait d'avoir un enseignement économique diversifié.

Une fois de plus, l'oligarchie et son idéologie cherche à faire taire un discours contraire à leur dogme. C'est pourquoi des gens comme Bernard Maris nous manquent.

Une partie de la bibliographie de Bernard Maris si vous voulez creuser

Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles, 2003, Seuil, Points économie.

Malheur aux vaincus : Ah, si les riches pouvaient rester entre riches

Antimanuel d’économie, Bréal, 2003, tome 1 : les fourmis, tome 2 : les cigales

Keynes ou l’économiste citoyen, 2007, Presses de SciencesPo,

Pour la bibliographie complète il y a sa fiche http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris