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jeudi 8 janvier 2015



Je suis en rage


Je suis en rage depuis hier. Comme tout être sensé, je suis sous le choc mais une mort m'affecte plus que les autres : celle de Bernard Maris.

Si toutes les vies sont irremplaçables, il en est de difficilement remplaçable.
Bernard Maris était économiste plutôt keynésien donc pas dans la mouvance majoritaire actuelle. Alors qu'il suffit de taper dans une poubelle pour faire sortir des dizaines d'économistes néolibéraux, l'économiste keynésien est rare et surtout inaudible car quasi absent dans les médias.

Une des caractéristique d'oncle Bernard était sa faculté à rendre simple ce que les gens trouvent compliqué. Ainsi il ne cherchait pas à prendre le pouvoir sur son interlocuteur. En effet, celui qui cherche à se rendre incompréhensible ou vous explique "vous savez c'est plus compliqué que ce que vous pensez" est en fait en train d'essayer de vous flouer (faire payer plus cher). Cela existe dans tous les métiers (informaticien en premier). Les néolibéraux sont très forts pour affirmer que les idées contraires à leur religion sont simplistes et obsolètes et que l'économie doit rester le pré carré des économistes-prêtres néolibéraux.  Bernard Maris avait cette faculté de retourner tous leurs arguments en utilisant des mots et phrases simples.

Je suis donc en rage à cause de la mort de Bernard Maris car il est la victime du boomerang néolibéral. Michel Onfray était sur France Inter ce midi. Pour une fois, je suis tout à fait d'accord avec lui. Après le temps de l'émotion et de la compassion, il faudra commencer à se poser les vrais questions. Il serait trop commode de mettre les assassins dans une case comme d'habitude : Princip nationaliste serbe, Charlotte Corday bigote, Caserio anarchiste, Raoul Villain étudiant nationaliste, ….. Ne pas parler du terreau sur lequel croit ce fumier, c'est laisser la parole au seul FN. La misère intellectuelle et matérielle, effets collatéraux du néolibéralisme, sont des éléments du boomerang qui, cette fois-ci, a tué la mauvaise cible.

Pour avoir entendu les remplaçants de Bernard Maris quant il était en vacances, je pense qu'ils n'étaient pas à la hauteur à moins qu'on ne le remplace par des économistes type Jacques Généreux. Mais j'en doute.

Pour qu'il ne soit pas mort pour rien, une fois le temps du recueillement passé, ne repartez pas devant vos télés pour regarder "Master chef" ou "Danse avec les Stars" mais réfléchissez à ce qu'est cette société engendrant des monstres, lisez des livres, allez à des conférences et surtout cessez de nous répéter la vulgate néolibérale que vous avez vu au journal de 20h00 à la télé.

Salut Bernard et merci pour tout

Ajout 12/01/2015
L'écoute des hommages sur France Inter m'a mis le coeur au bord de la nausée. Au mieux, on l'a fait passer pour un sympathique hurluberlu qui venait à la Maison de la Radio en vélo. Heureusement, il y a eu une reprise de ses propos dans "CO2 mon amour" où il dénonce tous les mythes du discours économique actuel.
Maintenant il ne reste plus que des économistes sérieux qui vont pouvoir reprendre leur petite musique néolibérale sans plus de contradiction. Dans "On n'arrête pas l'éco", un jeune a dénoncé l'enseignement de la pensée unique néolibérale à l'Université et comment Aghion et Tirolle avaient usé de leur influence pour empêcher une réforme qui permettrait d'avoir un enseignement économique diversifié.

Une fois de plus, l'oligarchie et son idéologie cherche à faire taire un discours contraire à leur dogme. C'est pourquoi des gens comme Bernard Maris nous manquent.

Une partie de la bibliographie de Bernard Maris si vous voulez creuser

Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles, 2003, Seuil, Points économie.

Malheur aux vaincus : Ah, si les riches pouvaient rester entre riches

Antimanuel d’économie, Bréal, 2003, tome 1 : les fourmis, tome 2 : les cigales

Keynes ou l’économiste citoyen, 2007, Presses de SciencesPo,

Pour la bibliographie complète il y a sa fiche http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris