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dimanche 2 juin 2013

Le camion avance (V)


L'évadé qui me vise a un fusil à pompe. Il me fait signe avec le canon de me rapprocher du chef de poste. Il n'est pas très grand mais il est très musclé, le signe d'une alimentation saine contrairement à celle que je peux ingurgiter quotidiennement comme des millions de personnes entassées dans les villes. Son habillement provient, lui aussi, d'une fabrication "locale" puisque le textile au niveau mondial est fourni exclusivement par la confédération centrafricaine. Celle-ci est le résultat de la fusion du Soudan, des deux Congo, de l'Ethiopie et de la République Centrafricaine. L'Asie du Sud Est et l'Inde était devenu trop chers à cause des attentats contre les représentants du capitalisme mondial. Sa chemise est en toile très grossière. Elle a du être bleue quand elle était neuve. Le pantalon ressemble aux jeans que l'on peu voir sur certaines photos ayant échappé aux gigantesques autodafés du Grand Tournant.

Je suis dorénavant à côté du chef de poste. Il sue à grosses gouttes et sa respiration est saccadée comme celle d'un chien. On dirait qu'il cherche à faire le moins de mouvement possible et garder une rigidité déjà pré-cadavérique. Bien qu'il soit déjà officier, c'est un jeune qui vient de sortir de l'école. Il y a de moins en moins d'anciens qui ont servi dans la répression des émeutes de 2023. Ceux-ci avaient acquis une expérience sur la façon d'affronter un adversaire armé. De manière générale, il y a de moins en moins d'anciens sauf dans la classe supérieure de la population.
"RM4537" dit son matricule sur son plastron. Je ne connais pas son prénom car nous n'avons jamais eu l'occasion d'échanger autre chose qu'un bref salut quand on se rencontre. La sécurité ne discute qu'avec la sécurité. Là, il va devoir se forcer car celui qui semble le chef des prisonniers lui demande : "Ton nom?" .
C'est un gars immense et long comme un jour sans pain. Ses yeux vifs sont engoncés dans ses orbites lui donnant un regard presque halluciné. Il a des marques un peu partout sur le visages, les bras et une partie des mollets. Elles sont récentes et certaines n'ont que peu de croûtes comme si elles dataient du matin. "Ton nom?" répète-t'il. Le jeune ne répond pas mais sa respiration devient de plus en plus saccadée. Une énorme baffe le précipite à terre et du sang perle à la commissure des lèvres.
"Ton nom ?"
- Rambo Mannix, articule difficilement le gosse. Il sait qu'il vient de transgresser la première règle du règlement
- Ton âge ?
- 24 ans
- Tu es bien jeune pour être chef de poste. Et toi ? dit-il en se tournant vers moi.
- Roger Zantic. 42 ans.
- Depuis combien de temps travailles-tu au CREV ( Centre de Retraitement et d'Eradication des Véhicules) ?
- 10 ans"
Je ne sais pas ce qui se passe mais soudain je n'ai pas peur. Cette petite conversation ressemble à un échange entre amis de longue date. On en oublie le contexte tendu.
"Moi c'est Roy. Je suis le chef d'une section de la Résistance Unie. Nous avons été capturé il y a une semaine, torturés jusqu'à hier et condamnés à périr dans ce véhicule. Comme nous avons des amis à tous les niveaux il a été facile de préparer notre évasion." Cela avait été dit avec une grande tranquillité comme s'il égrenait la liste des courses.
"Vous ne vous en sortirez pas, dit mon compagnon comme s'il avait soudain retrouvé un peu de courage
-  On est déjà morts. Alors on n'a plus rien à perdre. De plus …."
Il fut interrompu par le bruit d'une course venant de derrière ma cahute. Débouchant de derrière l'Algeco, un homme couvert de poussière et ayant un pistolet à la main se précipite vers la voiture. Ses compagnons se sont mis tout de suite en alerte au cas où il serait poursuivi. Tout en cherchant à regagner son souffle, plié en deux, il leur fait signe qu'il n'y a pas de danger. Pendant que le petit musclé continue à nous tenir en joue, les deux autres se dirigent joyeusement vers lui. Ils n'ont pas le temps de commencer une conversation qu'un sifflement caractéristique se fait entendre.

"Un drone!" Nous avons tous crié en même temps et chacun plonge vers le sol. 

4 commentaires:

  1. alors tu nous fais attendre et en plus c'est un demi épisode, enfin un épisode qui n'a pas de chute ;) ! c'est un scandale ! je vais me plaindre aux hautes autorités ;)

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    1. Merci pour la réponse. L'épisode est pourtant plus long que les précédents et l'on récupère pas mal d'informations comme le nom du héros principal et le nom du service où il travaille.;-)

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  2. C'est haletant!! Et très frustrant de ne pas connaitre la suite :-)
    Tu as le sens du suspens... J'adore!

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    1. Merci d'être passé si vite. J'arrive maintenant à visualiser les scènes ce qui m'aide à rédiger. Pour le moment je suis toujours ma ligne directrice.

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